Poupée de carrousel – Chapitre 1

Poupée de carrousel – Chapitre 1
Lorsque les lueurs pourpres et lancinantes du crépuscule s’estompèrent, laissant place à une pluie diluvienne dans laquelle se reflétaient les faisceaux des lampadaires, Justine tira le rideau. Depuis le retour de son travail, elle était restée là, du haut de sa petite chambre sous les combles, à scruter la ville. À vingt ans, elle avait trouvé un boulot désagréable dans un centre commercial où elle faisait de la mise en rayon.

Étais-ce là le prix à payer pour avoir arrêté les études et foutu le bordel en cours, défiant les profs sans relâche ? Absolument pas. Justine avait toujours été une fille insignifiante. La paumée du fond de la classe aux résultats moyens, ni détesté, ni aimée, ni reclus, ni populaire. Une jeunesse sans intérêt, une vie semblable à celle d’une poupée de porcelaine abandonnée sur un banc qui regarde sa propriétaire faire inlassablement le même tour de manège. «Même physiquement j’en ai l’allure… » se dit-elle en se regardant dans le miroir de la salle de bain. Une tignasse châtain, aux cheveux secs, pas lisses mais pas bouclés non plus… Des yeux marrons inexpressifs accompagnés de légères cernes… Un nez ni trop fin ni trop gros… « Je suis juste sans intérêt, ni spéciale, ni loseuse. »

La seule chose qui la faisait se sentir spéciale, et pas dans le bon sens du terme, c’était qu’à son âge, personne ne l’avait jamais touchée. Cela tournait à l’obsession. Justine ne s’était jamais dénudée devant un homme. Elle n’avait jamais connue non plus le gout des lèvres d’une autre personne. Elle allait même jusqu’à ignorer la sensation d’avoir des mains étrangères posées sur ses hanches.

Elle avait pourtant eu l’occasion d’y goûter plus d’une fois, et elle était même si banale que quelques minutes sur un site de rencontres suffiraient, mais les années passées à s’enfermer dans un déguisements de fille prude -par peur ou par honte, elle ne savait plus vraiment pourquoi- l’en empêchait. Justine ne voulait pas d’une relation de couple, mais elle ne voulait pas non plus passer pour une salope.

Elle tourna les robinets de la baignoire et versa généreusement du gel douche au fond. Elle regarda doucement son reflet disparaître dans le miroir, effacé par la buée. Elle allait ôter son pull mais elle s’arrêta lorsqu’une idée lui traversa l’esprit. Elle enleva le rideau de la fenêtre donnant sur la nuit, puis retira son jean et son pull, restant un moment en sous vêtement au milieu de la pièce. « Et si quelqu’un m’observait… » pensa-elle. Elle retira rapidement son soutien gorge et sa culotte, et fila se cacher dans la salle de bain, saisit d’une étrange gêne mêlée à de l’excitation à l’idée que quelqu’un puisse l’observer depuis un appartement voisin.

Profitant de cette chaleur dans son bas-ventre, et des légers tremblements dans les bras causés par l’euphorie, elle entra dans la mousse de son bain et laissa glisser sa main sur la peau tendre et légèrement râpeuse de son pubis. Presque étouffée par la vapeur, elle laissa aller ses pensées qui firent monter sa sensation de bien-être de plus en plus, jusqu’à sentir des convulsions et ses doigts serrés par sa peau lubrique.

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